Qu’est-ce que le bizutage ?

On est bizuté parce qu’on est nouveau/nouvelle

Le bizutage est « une série de manifestations où les élèves anciens, usant et abusant de leur supériorité née de la connaissance du milieu, du prestige de l’expérience et d’une volonté affirmée de supériorité, vont imposer aux nouveaux arrivants, déjà en état de faiblesse, des épreuves de toute nature auxquelles, dans les faits, ils ne pourront se soustraire sous l’emprise de la pression du groupe, du conditionnement et de ce que l’on peut appeler des sanctions en cas de refus, comme l’interdiction d’accès à divers avantages de l’école, l’associations des anciens élèves… ».

Définition donnée en Haute Cour de Justice de la République par l’avocat général, lors du procès de Madame Ségolène Royal alors ministre déléguée, chargée de l’enseignement scolaire, le 15 mai 2000.

Les 3 étapes  du bizutage

1- La prise en main

L’ancien signifie au nouveau « ici c’est moi qui décide, ici tu n’es rien, même s’il essaie de lui faire croire qu’il a le choix ».

2- La période de soumission

À partir de là, le nouveau ne pourra plus dire non. Il acceptera tout ce que les anciens lui imposeront. Les anciens ont les pleins pouvoirs ils vont en user et en abuser.

3- La réconciliation

L’épreuve est passée. Les anciens intègrent les nouveaux dans leur communauté, « Maintenant tu es des nôtres et l’an prochain tu bizuteras à ton tour ».

Le bizutage, une tradition ?

NON. Le bizutage est une fausse bonne tradition.

Toutes les traditions ne sont pas bonnes à conserver

Si certaines amènent à un enrichissement de soi, les épreuves proposées par les bizuteurs sont au mieux d’une grande stupidité, au pire d’une extrême perversité. Elles visent à soumettre le nouveau à la volonté des anciens, à lui signifier qu’il n’est rien en le mettant dans des situations humiliantes et dégradantes.

Au nom de la tradition les anciens vont obliger les bizuts à :

  • rester debout pendant des heures têtes baissées en leur hurlant dessus
  • montrer leurs fesses pour les garçons, leurs seins pour les filles, simuler des actes sexuels puis les filmer et les diffuser sur les réseaux sociaux
  • chanter des chansons obscènes
  • ingurgiter des mixtures très alcoolisées
  • etc.

Sources : témoignages reçus par le CNCB

Le bizutage peut utiliser des techniques de manipulations mentales

Privations de sommeil, perturbation de l’alimentation… qui affaiblissent les nouveaux et les conduisent de manière insidieuse à accepter des choses qu’ils n’auraient pas acceptées en d’autres circonstances.

Le bizutage, une façon d’accueillir ?

NON. Accueil et bizutage obéissent à deux logiques opposées.

Par rapport au groupe des anciens, le nouveau est en situation d’infériorité. Il connaît peu de monde. Il ignore presque tout du fonctionnement du collectif auquel il aspire à s’intégrer.

Face au nouveau, les anciens peuvent adopter deux attitudes :

  • Celle de l’accueillant qui aide le nouveau à vaincre son appréhension, à se sentir attendu et accepté dans sa différence, lui permet de découvrir son nouvel univers, de s’y épanouir. L’accueillant se met au service du nouveau, sa logique est une logique de réciprocité, de respect.
  • Celle du bizuteur qui revendique l’exclusivité de la démarche d’intégration. Avant d’accepter le nouveau, le bizuteur veut le « formater », par une suite d’épreuves imposées. Sa logique est une logique de domination, de mépris.

Week-end d’intégration, accueil… ce n’est pas la forme qui compte mais le fond.
Ce n’est pas en changeant les mots qu’on échappe au bizutage.
La logique du bizutage est la même quel que soit le nom qu’on lui donne.

Nous sommes tous vulnérables.

Le respect des droits de l’Être Humain, c’est aussi le respect de cette vulnérabilité : on n’a pas le droit de l’utiliser pour asservir autrui.

Le bizutage est toujours une relation de dominant sur dominé, une atteinte à la dignité.

Il n’y a pas de gentil bizutage.